Connexion
Mot de passe oublié ?
 

Les plus de Gustave

exposition

Les plus de Gustave

Date de l'exposition :

du 03/08/2022 au 24/09/2022

La presse en parle :

Gustave ou l’art thaumaturge
Paul Ardenne

Qui est « Gustave » ? Une artiste femme. Surprenant ? Oui, comme l’est la pratique de cette artiste, non attendue, celle, selon ses propres termes, d’une « magnétiseuse ». L’objectif de Gustave est, dit-elle, de « donner de la force », une force qu’elle symbolise dans sa peinture de façon exclusive, par le tracé récurrent du signe « plus » : une croix grecque peinte sur des toiles, sur du tissu et au moyen de couleurs particulières jamais apposées au hasard. « J’ai une énergie particulière qui me permet de soigner avec les mains et j’arrive à transmettre cette force sur mes toiles, à travers différents objets aussi, des galets, par exemple. « Je ne fais que des ‘’plus’’, pour faire circuler de la force ». Une pratique radiesthésiste de l’art ? Elle se veut, ici, assumée, proclamée.
Gustave, artiste de la mise en circulation de la « force ». De sa distribution, aussi. C’est à ce titre, contre toute attente, que l’exposition « Les plus de Gustave (Fuerza et Libertad) » mute en espace thérapeutique. On n’y trouve plus que des « œuvres d’art » stricto sensu mais autre chose, sous la forme mimétique de l’œuvre d’art : un dispositif énergétique dont la fréquentation, pour le spectateur, s’apparente à une visite médicale. Quel est le problème, notre problème, en tant que personnes ? Le « décentrement », dit l’artiste. Il faut en conséquence nous recentrer, gage des retrouvailles de notre équilibre psycho-physique. Stationner devant les « plus » de Gustave nous y aidera. Telle ou telle couleur, aussi bien la « couleur soignante », la « couleur d’aura ». Ou encore tel objet que l’artiste a nourri au préalable de sa force personnelle. Les corps, quels qu’ils soient, charnels, végétaux, minéraux, irradient, l’émission de leurs ondes peut être récupérée, travaillée, redistribuée.

Donner une suite à l’« art médecine »
Gustave, si l’on suit bien ? Cette artiste inattendue par qui le magnétisme est dompté au bénéfice d’un spectateur à qui, au final, de la force aura été donnée, en sortir d’exposition.
« L’art devrait être quelque chose comme un bon fauteuil dans lequel se reposer de la fatigue physique », disait Henri Matisse. Que comprendre ? Idéalement, l’art, sa pratique comme sa fréquentation, devrait faire du bien, être reposant, délassant. L’esthétique ainsi comprise peut s’exonérer du « beau », de l’« effet plastique ». Au fond, seul devrait compter, d’elle, ce réconfort que l’œuvre d’art, vecteur privilégié, peut véhiculer et offrir. L’art thérapie, comme on le sait, a fait de ce principe sa raison d’être, de manière pratique, ses praticiens, à la différence de Gustave, n’étant cependant pas dotés de « pouvoirs », comme l’on dit. Là où Gustave, en thaumaturge, fait pour sa part de ses créations artistiques un médicament, rien moins. « Le roi te touche, Dieu te guérit », disait-on au Moyen Âge. L’art de Gustave te touche, il te guérit.
On a pris l’habitude, depuis le XXe siècle, de parler d’« art médecine » pour désigner des formes de création plastique dont, avant d’être spectaculaire, la vocation est d’être curatrice. Cercles de parole initiés par Joseph Beuys, séances sensorielles collectives de Lygia Clark, repas pris en commun de Dorothée Selz, exercices gymniques de Sarah Roshem et, incantatoires sur un mode humoristique, de Marc Horowitz…, les exemples ne manquent pas de cette inflexion à faire de l’art une discipline active voyant l’artiste prodiguer de « bonnes ondes » et placer le spectateur dans la position d’un patient en attente de bienfait physico-psychologique. Gustave s’inscrit dans cette lignée mais, la concernant, elle pousse la pratique plus loin.
L’exposition « Les plus de Gustave (Fuerza et Libertad) », réellement originale, est l’expression de ce désir d’aller plus loin. Dans la première salle, des toiles portant chacune un « plus », aux airs expressionnistes (on peut songer à Jackson Pollock, à Georges Mathieu) mais où chaque spectateur, fera l’expérience de sa « centration », et dans cette perspective, corriger cette dernière si elle est négative. Seconde salle : des tissus peints, en fait des couvertures de prisonniers. Ces couvertures pendent du plafond comme à un fil à linge. Entre celles-ci, le spectateur erre comme dans un labyrinthe (comme dans un pénétrable de Soto), jusqu’à trouver peut-être la « bonne » toile, celle devant laquelle stationner lui procurera un bienfait, un sentiment d’équilibre « se coller à ces couvertures pour ‘’attraper la force’’ », dit l’artiste. Combien de ces tissus ? « Il y en a vingt-cinq, en référence aux vingt-cinq points du programme nazi, liberticide, muselant l’énergie individuelle, la soumettant à une autorité morbide ». Pus une vingt-sixième, celle-ci venant symboliser la liberté, la Libertad, la sortie de la prison de soi. La référence au nazisme ? Parce que celui-ci constitue un universel de l’horreur et de l’abjection, un interdit de vivre, à l’image de la vie volée a de nombreux déportés et exterminés durant la Shoah, vous expliquerait Gustave.

Cosmo-tellurisme
La troisième section de l’exposition, en fin de parcours, présente au spectateur des galets, en nombre, ramassés sur les côtes maritimes par l’artiste. Non de simples cailloux, on le pressent, mais autant de pierres décrétées bénéfiques qu’il appartiendra à chacun de choisir, selon son désir et en fonction de l’impulsion reçue de la fréquentation de cette communauté minérale offerte à sa préhension. « Les gens prennent ‘’leur’’ galet, celui qui les appelle, qu’ils ont choisi », dit l’artiste. Chaque galet est présenté brut, non peint, et a été « énergisé » avant exposition (suivons le vocabulaire de Gustave) dans ce but, de nouveau, « lui donner de la force ». Prière de toucher, donc, pour reprendre le titre d’une sculpture fameuse de Marcel Duchamp, et Prière d’emporter, dans la foulée. Les galets exposés tels que Gustave les scénographie baignent non sans mobile dans une lumière rouge, la couleur élue de l’artiste. Rien à voir, cette fois encore, avec une installation conventionnelle. Le dispositif, en l’occurrence, se veut énergétique, il cumule selon l’artiste l’énergie mise par elle dans chaque galet et le bénéfice à retirer de « sa » couleur personnelle : une couleur irradiante, baignant les galets exposés d’un flux de photons à considérer comme une « couleur force ». Cette irradiation, entend Gustave, est un pôle lumineux énergétique autant qu’un foyer de radiations aux effets psycho-physiques réparateurs, un espace de soulagement, de décontraction, l’équivalent d’une Chill Out Room.
Dernière précision, le titre même donné à cette exposition hors norme, où rien moins que les forces cosmo-telluriques sont priées de se manifester, « Les plus de Gustave (Fuerza et Libertad) ». L’artiste, par cette formule, « décrit » ce qui constitue l’objet même de son exposition : offrir au spectateur du « plus », de la force (Fuerza), ainsi qu’une plus grande liberté d’action et d’existence (Libertad). Son choix de vocables hispaniques ? Une référence à un slogan de la Guerre d’Espagne. Ce conflit civil, qui oppose Franquistes et Carlistes d’un côté et républicains de l’autre, peut aussi être interprété comme un affrontement entre les forces de contrainte et les forces qui libèrent de la contrainte.

Néo-chamanisme
Gustave n’est assurément pas une artiste assimilable au tout venant de la grande tribu artistique. Gustave, un prénom masculin en guise de nom, pourquoi ? « Ma grande référence artistique est L’origine du monde de Gustave Courbet, cette peinture d’un sexe de femme offert à la vue exprimant la mise au monde, le pouvoir d’enfanter, de créer et de prolonger la vie – l’énergie même de la vie ». Mais encore ? Gustave Courbet, peintre, en son temps, engagé, a participé activement à la Commune de Paris et nourri le principe de l’artiste activiste, pas seulement rivé à son atelier mais se mettant au service d’autrui. Alors « Gustave », oui, ce nom d’emprunt, pour l’artiste, la qualifie mieux que son identité propre, mise de côté.
« Les plus de Gustave (Fuerza et Libertad) », on l’aura compris et quoi que l’on en pense, ne peut apparaître comme une exposition ordinaire, de celles où l’on « montre » des œuvres. L’« œuvre », dans son cas (on nous excusera les guillemets, qui résultent pour l’occasion d’un glissement sémantique généralisé), n’est pas à proprement parler une œuvre au sens classique du terme, une création à visée esthétique, mais en l’occurrence un contenu médicalisé, l’artiste même cessant d’être un artiste stricto sensu (artista, XVIe siècle, « l’homme, la femme de métier spécialisés ») pour devenir guérisseuse et doctoresse. Gustave, avec cette exposition, met au service du spectateur de passage, un dispositif en tout point chamanique (pour ceux qui y verraient un archaïsme, une forme de médecine primitive), de nature radiesthésiste (pour qui adhère aux théories de l’abbé Bouly) ou plus sobrement psycho-actif, dont la fréquentation est censée, avant tout, apporter un bienfait, soulager une tension, des douleurs. Une kinésiologie appliquée.
Avec cette exposition, Gustave fait en somme entrer l’art dans une nouvelle dimension. L’artiste coupe les amarres avec le monde de la représentation, du simulacre, des effets esthétiques traditionnellement marié à l’œuvre d’art plastique. À ce monde, celui des apparences, elle substitue l’équivalent d’une consultation médicale aux fins reconstructrices. Devenu un patient, le spectateur traverse « Les plus de Gustave (Fuerza et Libertad) » en se donnant l’opportunité d’améliorer sa vie pour de vrai, s’il s’avère sensible aux bons effets de la « sourcerie » bien administrée et croit en ses pouvoirs. La galerie d’art, d’un même tenant, adopte la fonction inusitée du dispensaire. L’art se veut cette fois curatif directement et sans intermédiaire, il est devenu en soi le traitement, le médicament.

Pour un art du Care
On ne peut être plus proche du Care, en vérité, qu’entend l’être Gustave, créatrice soignante et artiste « néochamane ». Mieux que changer le vrai en un faux qui voudrait dire le vrai (la vocation de l’art), Gustave s’empare de nos corps pour amoindrir ou amender ce qu’ils contiennent de souffrance. Marchera, ne marchera pas ? Personne n’est obligé d’y croire, rien n’implique ici d’adhérer au « paranormal » et au « magique » mais chacun, s’il le souhaite, a tout loisir d’essayer. Le nouveau pouvoir de l’art selon Gustave ? La guérison concrète de nos moi, toujours trop à cran, toujours trop décentrés.

Paul Ardenne est écrivain et historien de l’art contemporain
Il est notamment l’auteur de Art, le présent (éditions du Regard, 2010) et de Un Art écologique. Création plasticienne et anthropocène (La Muette/BDL, 2018)


La Galerie ADDICT poursuit sa programmation en ouvrant un nouveau chapitre, celui de la « (*) Project room ».
Un espace de recherches, de créations et d’expositions consacré à la présentation de projets artistiques hors normes. 
Il est question ici d’ouvrir le champ des possibles et d’accompagner les artistes en jouant un rôle de révélateur, d’accélérateur autant dans la construction de leurs projets que dans le développement de leurs œuvres et pour a terme en assurer le commissariat d’expositions. « Les plus de Gustave (Fuerza et Libertad) » en est la parfaite illustration. Dans le cadre de cette exposition nous investirons l’Espace Bertrand Grimont, 43 rue de Montmorency 75003 Paris.
Vernissage le 3 Septembre, exposition jusqu’au 24 Septembre 2022.
Performance énergétique avec la participation de Paul Ardenne le 22.09 de 17:00 à 21:00

HECHT Laetitia

Art pratiqué

Peinture , Dessin , Installation

Site de l'artiste

Présentation de l'artiste

Non renseigné

Voir son profil complet


Espace Bertrand Grimont (Association)

Adresse de l'exposition

43 Rue de Montmorency
75003 Paris



Tél. : 0637937894
Photo de Espace Bertrand Grimont




Plus d'informations sur le lieu d'exposition


Partagez





J'aime

J'irais à cette expo

 
 

2011 © OBJECTIFEXPO