ObjectifExpo.com a visité pour vous la rétrospective sur l’oeuvre de l’artiste russe Vassili Kandinsky au Centre Pompidou (Paris) : un incontournable voyage au cœur de l’art abstrait !
L’exposition, qui a débuté le 8 avril et s’achèvera le 10 août 2009, victime de son succès (8000 visiteurs par jour !), vient d’étendre, ce jour, ses horaires en nocturne (jusqu’à 23h00) afin de permettre à un maximum de personnes de ne pas manquer l’évènement !

Photo volée lors de la visite au Centre Pompidou
En effet, cette rétrospective ouvre les portes de l’art abstrait et permet au public -averti ou non- d’accéder, grâce au parcours chronologique d’une centaine d’oeuvres et de nombreux documents d’époques, à son cheminement. Elle réside comme une merveilleuse aventure, en territoire connu ou non, dans un monde irréel, sans référent, au travers de laquelle elle nous amène au fil des salles à percevoir les influences des mouvements artistiques et historiques des différentes périodes clés de sa vie.
Le regardeur se laisse alors séduire par ce lexique de formes et de couleurs, qui s’articule sous ses yeux, et soudain se rend compte qu’il ressent la toile bien avant de la comprendre puisque la référence au réel n’est plus.
La mise en corrélation de toutes ces oeuvres demeure une occasion unique de faire la rencontre avec cet artiste cosmopolite, révolutionnaire et controversé dans ses débuts. C’est en quête d’universalité, tout en conservant son lien avec sa mère patrie, que Kandinsky a su se libérer, non sans euphorie, des chaînes de la figuration en s’octroyant au fil du temps un langage propre.
Un magnifique hommage donc, rendu à cet artiste majeur conjointement au Centre Pompidou certes, mais aussi à la Städtische Galerie im Lenbachhaus de Munich et le Solomon R. Guggenheim de New York qui détiennent, à eux trois, les plus grandes collections d’oeuvres de l’artiste russe.

Vassily Kandinsky
Né en 1866 à Moscou et mort en France à Neuilly sur Seine en 1944, l’oeuvre de Vassili Kandinsky est répertoriée au Centre Pompidou en une centaine d’huiles et de grands formats et fragmentée en 5 grandes périodes phares :
- 1896-1907 : Formations et voyages à travers l’Europe
- 1908-1914 : Munich – Murnau
- 1915-1921 : Moscou – Stockholm – Moscou
- 1922-1933 : Le Bauhaus : Weimar, Dessau, Berlin
- 1934-1944 : Paris et Neuilly sur Seine
Révélé peintre sur le tard, à 30 ans, Vassili Kandinsky d’exil en exil, et tout au long de sa carrière, conservera sa mémoire russe et s’orientera vers un art résolument libre et personnel que sera l’abstraction.
1. Dans sa première période qui s’articule autour des formations reçues et des ses divers voyages en Europe, les formats sont plutôt de petites tailles et retracent ce que l’artiste nommera » ses dessins colorés ». L’imagerie russe exaltée dans La Vie Mélangée, produite en 1907, offre au regardeur une facture étroite composée de tâches lumineuses sur fond sombre qui n’est pas sans évoquer l’éclairage émanant d’un vitrail.
2. Puis, de 1908 à 1914, à Munich puis Murnau (en Allemagne), l’artiste entre dans une période d’intense activité : sa touche se fait plus souple et s’étend vers une gestualité plus visible. La présence des chevaux et des cavaliers sera un fil conducteur dans son oeuvre. Il créera d’ailleurs en 1912 avec son ami peintre Franz Marc, le célèbre Almanach du Blaue Reiter (Le Cavalier Bleu)…
Au gré des toiles, le public est confronté à une explosion de couleurs tel un hymne libérateur prenant sa distance avec la figuration : La masse colorée domine euphoriquement, parfois aérienne, parfois pesante.
Mais c’est en 1911 que Kandinsky réalisera Peinture avec un Cercle, qu’il qualifiera « première toile abstraite ». La résonance musicale y est indéniable.
En suivra alors, une série d’Impressions et d’Improvisations où la composition et le rapport à l’effet « physique » des couleurs priment.
3. La déclaration de guerre mettra fin brutalement à cette période hautement créative (période Moscou-Stocklom-Moscou).
Quand il reprend la peinture, la palette est plus éteinte, les compositions plus centrées sur elle même, comme emprisonnées (cf Obscurci, 1917 par exemple). Jusqu’en 1921, ses formes abstraites se dramatisent allant du hiéroglyphe au micro-organisme (Dans le Gris, 1919).
4. Son enseignement au Bauhaus, engendrera une gamme chromatique plus simplifiée et une géométrisation des formes : le triangle, le cercle et le carré se voient respectivement associés, pour leur effet physique commun, au jaune, bleu et rouge. Tout semble pensé, organisé sur un mode bien précis.

Autour du cercle
5. En 1933, l’école ferme et l’artiste russe part pour Paris. Dans cette ultime période de sa vie, Vassili Kandinsky s’installe à Neuilly sur Seine.
Son vocabulaire de formes évolue vers un peuple qui semble issu tout droit d’un microscope tandis que ses tonalités se font plus tendres. La grille, élément clef et un lexique de formes rappelant des artistes de l’époque comme Miro par exemple, finissent par flotter sur la toile plaquées sur des fonds à l’aspect immatériel ( cf : Autour du Cercle, 1940).
Bref, une rétrospective immanquable, tant pour les yeux que pour l’esprit.
A savoir : cette exposition coexiste en parallèle avec celle de Calder qui remporte également un franc succès. A suivre…