Biennale d’art contemporain de Lyon 2015
Depuis 1991, la ville de Lyon nous propose tous les deux ans, sa Biennale d’Art contemporain. Une thématique pour trois éditions avec trois commissariats d’exposition différents. En 2015, c’est le mot « moderne » qu’a proposé Thierry Raspail – Directeur artistique – , comme base réflexive au commissaire d’exposition londonien Ralph Rugoff – Directeur de la Hayward Gallery et commissaire de multiples expositions d’art. « La vie moderne » est donc le titre-réponse formulé par R.Rugoff pour le premier volet de cette trilogie « moderne », pour laquelle 60 artistes de 30 pays différents ont exposé leurs travaux.
Transversalité de nationalités, melting pot de points de vue, hétérogénéité de modes de pensée, de cultures, dans le but d’explorer les différences entre les modes de modernités contemporaines qui forment le paysage du présent dans sa relation au passé. A travers les contradictions et les similitudes qu’offre le terme « moderne » sur le globe, R.Rugoff nous invite à observer tant au niveau des technologies, que de l’architecture, de la philosophie, ou encore de la sociologie – autant de disciplines hétéroclites – les points de convergeance qui s’accordent sur un constat unique : celui d’un monde très « contextualisé », en constante mutation entre temps passé, présent et futur proche, questionnant par la même la notion d’Epoque, de Nature, et de l’Autre. Une biennale des hétérotopies. Lire ou re-lire Foucault.
« Dans ce titre, La vie moderne, il y a (inévitablement) une dimension ironique, qui tient en grande partie au fait que le mot « moderne » est de nos jours quelque peu anachronique. La notion de « monde moderne » est désormais devenue une sorte de curiosité, une relique historique d’un autre siècle. (…) Dans le langage courant, évidemment, le mot « moderne » est utilisé pour « nouveau ». Mais il porte en lui l’ombre d’autres significations, qui naissent à mesure de la connaissance que nous avons de son histoire longue et complexe, et des différentes traditions modernes. Ainsi, dire d’une chose qu’elle est « moderne », c’est la doter d’une aura d’incertitude. Je pense qu’il s’agit là d’une évolution positive, car le « moderne » au sens classique du XXe siècle a souvent cherché à dissimuler son caractère contradictoire, et notamment ses liens problématiques et profonds qui l’unissent avec le non-moderne. (Il n’y a qu’à voir comment l’architecture moderne de Le Corbusier est née, en partie, de sa rencontre avec l’architecture en stuc des villages d’Algérie.) Ce que nous considérions à une époque comme « moderne » était, en même temps, étroitement lié à l’histoire et aux cultures des territoires colonisés d’Afrique, des réfugiés des pays périphériques en Europe, etc. Le « moderne », en d’autres termes, n’a jamais été conçu dans une éprouvette. Pas plus qu’il n’est une idée statique. Par conséquent ce que j’espère, c’est qu’aujourd’hui une discussion autour de « moderne » nous éclairera sur la façon dont il continue de s’étendre et de se développer, d’acquérir de l’épaisseur et de se charger de nuances, d’évoluer en s’adaptant à des contextes toujours nouveaux. » La suite de son texte ici.
L’édition 2015 parcourt Lyon de part et d’autres : expositions, résidences d’artistes, parcours urbain dans des boutiques, des restaurants, des appartements privés, débats, conférences, performances, collaborations, des oeuvres de Dan Graham, Hiroshi Sugimoto, Robert Filliou, Yona Friedman… plus de 200 manifestations dans la Région Rhône-Alpes, avec 15 focus.
La Biennale 2015 vous ouvre les portes de la création contemporaine, alors à l’avenir, n’hésitez plus à faire un bon dans le passé, mais avant le 03 janvier 2016!
+ d’infos sur le site de la biennale 2015. Visionner l’interview de T.Raspail.
