Les artistes contemporains aiment souvent mettre un coup de pied dans la fourmilière. Certains disent même qu’ils se le doivent, « pour se revendiquer artiste, il faut avoir une pratique engagée ». Que ce soit par choix, ou par devoir, certaines fois ce sont les villes elles-mêmes qui sont instigatrices de ce désir de chamboulement, de renouveau. Semer la zizanie dans l’espace public oui, mais via des oeuvres qui l’investissent, c’est donc le pari qu’a fait la ville de Marrakech, à l’occasion de sa 6ème Biennale d’art contemporain.
La sculpture de Fatiha Zemmouri, Sheltered from Nothing
Car comment faire souffler un vent de nouveauté autrement qu’en invitant des artistes, nous incitant via leurs oeuvres, à nous poser les bonnes questions et à nous demander « quoi de neuf là ? », thématique retenue par Reem Fadda, le commissaire d’exposition au curriculum vitae imposant et à l’expérience impressionnante, curatrice notamment du Guggenheim de N-Y.
Les outils agricoles en feuilles d’olivier de l’artiste palestinien Khalil Rabah, Sometimes When We Touch
Après l’impact des éditions passées qui lui ont donné ses lettres de noblesse – on se rappelle notamment de l’oeuvre monumentale d’Alexander Ponomarev, avec sa carcasse de bateau comme échouée sur les dunes de sable du désert d’Agafay – la Biennale a voulu frapper fort, afin d’inscrire durablement sa biennale dans le paysage des grands rendez-vous internationaux de l’art contemporain.
33 artistes s’en sont alors donnés à coeur joie. Sculpture, peinture, street art, installation. Tout, tout, tout, vous saurez tout sur les dernières nouveautés en matière de pratiques artistiques contemporaines!
La série de sculptures géométriques de Dana Awartani, Platonic Solids
« Nous sommes pris dans un va et viens temporel qui oscille entre le futur et le passé, sans vraiment tenir compte du présent. Car si le Neuf, est une expression culturelle et matérielle liée à l’avenir, et si l’histoire est ancrée dans le passé, alors comment et quand pouvons-nous souligner le présent? (…) Il est aujourd’hui urgent qu’une prise de conscience civique engendre un mouvement d’actions et de réactivité. (…) Nous allons examiner la fonction officielle de l’art, comme moyen de résistance culturelle, et comment les idées (…) sont de plus en plus omniprésentes compte tenu des expériences passées et présentes qui se sont déroulées. La biennale se penche sur l’héritage de la décolonisation, et notamment sur ses échecs comme l’un des points d’ancrage ayant inspiré l’art contemporain dans la manière dont il aborde la criminalité, la critique et le radicalisme ».
La fresque du street artiste Kalamour à la Medina
Alors que souffle ce vent de nouveauté. Puisse-t’il apporter tout l’oxygène dont nous avons besoin pour nous régénérer.
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